La tradition du paysage en peinture et sa reconduction dans l'expressionnisme abstrait

EHESS, s. 4  -  105 bd Raspail  -  75006 Paris

Thèse soutenue par Christine Dubois

Préparée sous la direction de Éric Michaud

Président du jury : M. Jean-Marc Poinsot, Professeur à l'université Rennes-II

Jury : Mme Johanne Lamoureux, Professeure à l'université de Montréal

Spécialité : Histoire et théorie de l'art

Cette thèse réévalue la question, systématiquement écartée, du rapport de la peinture abstraite des Color Fields américains des années 40 à la Nature. Il y est démontré que ce lien est pleinement cohérent avec le principe d'autoréférentialité picturale qui a fondé ces œuvres, ainsi qu'avec leur objectif de sublime et de « vérité » pure et primitive.

L'hypothèse de base est que ces toiles se structurent à partir de dispositifs particuliers - qui se révèlent être ceux-là mêmes de la tradition picturale du paysage. La première moitié de la thèse trace donc la généalogie, des Grecs à Cézanne, des deux topiques fondatrices du paysage en peinture : le contact terre/ciel et la montagne. Celles-ci composent une dyade iconique (nature domestique/sauvage) qui s'avère également un dispositif organisationnel foncier de l'image, par lequel transitera dès le Trecento la dialectique fertile entre mimésis et matière pigmentaire. De là un lien est proposé entre Cézanne qui, par son travail sur le paysage, mit au jour le pouvoir de celui-ci de révéler la vérité de la peinture, et les Color Fields qui, dans leur quête de la spécificité de la peinture, croisèrent la « grande Nature ».


The tradition of landscape into art and its renewal in Abstract Expressionism

This thesis re-evaluates a problem that has been systematically set aside—the link between the 1940s abstract painting of the American Color Fields and nature. This thesis shows that this link tallies with the principle of pictural self-referentiality that grounds such works, and with their goal of reaching the sublime and pure, primitive « truth ».

The basic hypothesis is that these works are structured according to particular principles that turn out to be those of the pictural tradition of the landscape. The first half of this thesis retraces the genealogy, from the Greeks to Cezanne, of the two foundational topoi of the landscape in painting: the earth/heavens contact and the mountain. These constitute an iconic dyad (domestic vs. wild nature) that turns out to be an organizing principle of the image which, already with the Trecento, will transit through the fertile dialectic between mimesis and pigmentary material. This thesis then suggests a link between Cezanne, whose work on landscape brought to light the latter's truth-revealing powers in painting, and the Color Fields which, in their quest for the specificity of painting, intersected with Nature.

Date
  • le jeudi 10 juin 2004

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