Rite et technique chez les forgerons moose du Burkina Faso. Forger, apaiser, soigner.

Les forgerons moose du Burkina Faso se définissent comme «
hommes de paix ». Pour eux, le travail concret du fer est le
fondement du travail rituel thérapeutique d’« apaisement » qu’ils
accomplissent avec leurs outils. Ils préviennent les suicides à l’aide
de leur maillet, ils demandent la fécondité des femmes sur l’autel de
forge et ils mettent en oeuvre des pratiques thérapeutiques avec leur
soufflet. Par ailleurs, un élément atmosphérique, la foudre, fait
également l’objet de leur intervention qui doit ainsi neutraliser son
feu dangereux.
Or, il y a chez les forgerons moose une conception spécifique de
leur métier qui permet cette ambivalence. En effet, toutes les
interventions des forgerons, aussi bien rituelles que quotidiennes,
sont d’abord réunies par le fait qu’elles sont pensées en termes
thermiques : les Moose disent que ces artisans « refroidissent » et
« apaisent ».
Ces hommes qui nous apparaissent comme rationnels,
pragmatiques et tolérants emploient leurs outils pour un travail
métaphorique et symbolique riche et puissant, ayant trait à la
maîtrise des émotions et aux relations entre les hommes.
Ces artisans distinguent rite et technique pour établir entre les deux
un lien, médiatisé par leurs outils, qui fait découler le premier de la
seconde.
Épousant de près cette conception originelle, l’auteur propose une
réflexion anthropologique sur la relation entre rite et technique, et
sur le statut des objets cultuels.

Titulaire d’un doctorat obtenu auprès de l’EHESS de Paris, Lidia Calderoli enseigne l’anthropologie sociale à la Faculté de Médecine et de Chirurgie de l’Université de Modène et de Reggio Emilia, en Italie. Elle poursuit également des recherches sur les artisans, ainsi que dans le domaine de l’anthropologie de la maladie, et elle collabore avec la Fondation Ismu (Initiatives et études sur la multiethnicité) de Milan. Elle est membre affilié du Laboratoire d’Anthropologie Sociale de Paris.

Date
  • le lundi 6 décembre 2010
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