« Devenir quelqu’un dans la vie ». Les classes défavorisées face à l’École au Paraguay

Maison des sciences de l'homme - salle 242  -  54, bd Raspail  -  75006 Paris
Le jury  est composé de  :

Monique de SAINT-MARTIN, Directrice d’études à l'EHESS
Capucine BOIDIN, Maître de Conférences IHEAL – Université Paris III Sorbonne Nouvelle
Franck POUPEAU, Chargé de recherche au CNRS – Université Paris I Panthéon-Sorbonne
Louis PINTO, Directeur de recherche au CNRS
Afrânio GARCIA, Maître de conférences à l'EHESS
Bertrand GEAY, Professeur à l’Université de Picardie Jules Verne

Résumé 

Le processus de réforme de l’éducation au Paraguay qui a commencé en 1993, a essayé de briser les fondements idéologiques et pédagogiques de l’État autoritaire sur lequel s’appuyait la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989). Pourtant, l’objectif de démocratiser l’éducation et le système d’enseignement paraguayens a trouvé de sérieuses entraves, pas seulement dans l’implantation de la réforme mais dans sa conception même. Si la nécessité de transformer le champ de l’éducation à partir d’un nouveau schéma institutionnel et de nouvelles formes de gestion, a été soulignée, les fondements d’une société très inégale socialement, ont été laissés intacts, ce qui d’ailleurs constitue le principal obstacle à la démocratisation politique.

Ces inégalités montrent la persistance au fil du temps des « hiérarchies institutionnalisées » de rapport à l’école et à la culture scolaire. Malgré la réforme de l’éducation, l’élargissement de l’accès et la prolongation des études ont seulement déplacé la structure des inégalités des chances « vers le  haut ». Les inégalités n’ont pas été réduites, les conditions sociales de démocratisation de la société paraguayenne restant toujours en suspens.
La thèse met en lumière les liens entre la transformation du système éducatif et la reproduction de la différenciation sociale dans l’espace social, voire les inégalités qui mettent en désavantage les jeunes des familles défavorisées. Ceux-ci sont confrontés à un processus social qui, en même temps qu’il produit un haut niveau d’attentes à l’égard des effets de l’éducation sur leur avenir, les exclut des rares chances objectives dans le marché du travail. Ce champ du possible constitue l’horizon sur lequel s’élabore un ensemble de stratégies des familles qui, essayant d’envisager les meilleures trajectoires scolaires pour leurs enfants, essayent aussi de préserver leur identité collective.
Dans l’ensemble relationnel de rapports et de classements au sein et autour de l’École, aucun fait ni aucun effet ne peut être le résultat des actions individuelles ni de décisions isolées. Tant les qualifications, les hiérarchies que les résultats post-lycéens des examens scolaires sont l’expression des configurations scolaires, où tous les agents du processus scolaire croient jouer le jeu selon leurs possibilités et en tirer les conséquences en accord au destin escompté. Ces configurations sont donc la clé de la légitimité d’une institution qui n’agit pas par des intentions mais au travers des dispositions d'agents, certains y trouvant la base de la légitimité de leur position dominante, d’autres le moyen de leur salut social et d’autres encore la manière d’éviter de retomber dans une condition inférieure.

 


 



Date
  • le jeudi 25 novembre 2010 à 14h
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