L’Île Maurice post-coloniale et l’Inde : enjeux politiques, économiques et culturels

EHESS (Amphithéatre)  -  105 boulevard Raspail  -  75006 Paris


Le programme de la 15ème journée d’étude du Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud s’inscrit dans le prolongement des travaux de l’équipe “La diaspora indienne dans l’Océan Indien occidental: les grands échanges économiques et culturels avec l’Inde” et marque l’intérêt pour ce champ de recherche qu’est l’anthropologie d l’Océan Indien. En effet, traditionnellement à l’Ehess, l’approche historique de l’Océan Indien, à travers les travaux de Denys Lombard, Geneviève Bouchon ou Jean Aubin, avait surtout rendu visible ce Mare Luso Indicum dans sa dimension portugaise, tout au long du XVIème siècle, en rapport avec les mondes marchands. La journée est conçue comme refletant les grands débats post-coloniaux en cours, tout en prenant en compte l’héritage historique du système de l’engagisme.  L’Ile Maurice représente un pays économiquement « émergent », exemplaire à plus d’un titre. Cependant, les dernières réglementations européennes  sur le sucre et le textile la fragilisent. Elle est décrite comme  une « nation arc en ciel », cependant, le « malaise créole » y sévit, le malaise tamoul » se décèle, et un schéma migratoire beaucoup plus orienté vers l’Europe et le continent américain s’amorce, affichant le malaise de toute la jeune génération. Des relations plus soutenues avec l’Inde s’établissent depuis le « revivalisme bihari ». Avec la vogue du « retour à la terre ancestrale », un nouveau tourisme se déploie entre l’Inde et Maurice. Concurrence et compétition marquent les relations intercommunautaires depuis l’accès à l’éducation, certes, mais également à travers les politiques de tourisme culturel.

L’impact actuellement très fort, d’une littérature en français de la part des auteurs mauriciens d’origine indienne (incarnée par Ananda Devi, Natacha Appanah, Barlen Pyamootoo, Khal Torabully, Vinod Roghoonundun, Amal Sewtohul, Umar Timol, Shakuntala Boolell…) montre l’émergence d’un courant littéraire parallèle à la littérature en anglais des Indiens en diaspora. Dans la sphère artistique, les échanges entre mondes créoles et mondes indiens, donnent lieu à des expressions à la fois  globalisantes, et spécifiques des sociétés insulaires de la Caraïbe et de l’Océan indien. D’où l’intérêt des comparaisons. L’Ile Maurice a aussi établi un lien spécial avec l’industrie bollywoodienne. Bref, cette île en fusion, parfois aussi  surnommée « chota Bharat », petite Inde, véritable laboratoire,  incarne une forme de rapport de l’Inde à ses diasporas offrant des pistes de réflexion pour les indianistes comme pour les spécialistes du monde créole de la Caraïbe et de l’Océan Indien.



Date
  • le mardi 12 octobre 2010  de 9h30  à 18h
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