L’événement et ses politiques dans le domaine de la santé

Cette journée d’étude  co-organisée par les doctorants de la Formation doctorale « santé, populations, politiques sociales » de l'EHESS et le Réseau de doctorants Santé et Sociétés, s’inscrit dans la dynamique d’un intérêt renouvelé des sciences sociales pour la catégorie d’« événement » (Fassin & Bensa, 2002 ; Bessin & al., 2010), visant à la construire comme objet de recherche pertinent, par-delà la profusion événementielle de l’actualité médiatique et la relative indifférence des approches structuralistes et historiques à son égard par le passé. Nous souhaitons donc suivre les pistes de travail générales ouvertes par ces recherches récentes en focalisant l’attention sur le domaine de la santé. L’objectif de cette journée d’étude est, à travers une restitution documentée des modalités empiriques de l’évènement et un abord transdisciplinaire, d’explorer deux axes de réflexion autour de l’événement de santé. Le premier est centré sur la multiplicité des formes de l’événement de santé, et le second sur les politiques de l’événement de santé, c’est-à-dire sur leurs modes de gestion.

L’évènement est en effet non seulement une « rupture d’intelligibilité » (Fassin & Bensa), mais aussi une rupture qui engage à la fois les individus (ruptures biographiques) et les organisations sociales (crises sanitaires, catastrophes humanitaires…). Entre le structurel et l’accidentel, l’éphémère et le durable, l’événement est difficile à appréhender. Cette complexité caractérise particulièrement l'événement de santé, dans la mesure où il se situe à l’articulation de la nature et de la culture. À un niveau individuel, il concerne des épisodes « naturels » : la mort, la maladie, l’accident, la naissance ou encore la guérison. Dans les sociétés les plus développées, l'amélioration des conditions de soins et de vie a conduit à un recul dans le temps ou à une diminution de la fréquence des évènements « négatifs » de santé, qui sont davantage individualisés et médicalisés. Il importe de prendre en considération les modalités de mise en forme de l’expérience individuelle lorsque sa continuité se trouve interrompue par un événement  touchant la santé. Quelles ressources (profanes ou expertes, privées ou publiques) sont mobilisées par les personnes pour gérer des « vies brisées » (Gay Becker, 1997)  ou pour faire face aux dangers et incertitudes menaçant la stabilité de leur existence (Kleinman, 2006) ? Les évènements de santé collectifs, quant à eux, se présentent de façon sensiblement différentes dans les pays dits développés et dans les pays dits sous-développés. Tandis que dans les premiers il s'agit principalement d'évènements qu'il convient d'anticiper et de contenir, dans les seconds il s'agit d'épidémies ou d'affections caractérisées par un taux de mortalité élevé. On le voit, la notion même d'évènement de santé recouvre un ensemble de réalités très disparates. Un des possibles angles d'attaque pour l'appréhender est l'analyse de la construction d'un fait sanitaire en événement. Quels acteurs et quelles procédures sont mises en jeu ? Repérage statistique, défense d'une cause commune par un groupe d’individus, mobilisation de « donneurs d’alerte » ? Une autre modalité pour rendre compte de l'évènement consiste à analyser sa mise en récit. Comment différents acteurs se mobilisent pour construire un récit et donner un sens à l'évènement ? Quels arguments sont mobilisés, et quels sont les ressorts émotionnels ou moraux mis en jeu ? Au delà ces deux pistes, quelles autres problématisations de l'évènement s'avèreraient pertinentes ?

La gestion sociale et individuelle dont les événements de santé font l’objet constituera le second axe de réflexion de notre journée d’étude. En amont de l’événement sanitaire, les politiques de santé publique de prévention et de prévision des risques constituent des tentatives d’anticipation institutionnalisées de son irruption, source de tensions sociales. On pourra ainsi s’interroger sur les enjeux de la multiplication de ces instruments dans le cadre de nos « sociétés du risque » (Beck, 1986), de leur diffusion et de leur globalisation. De quelles évolutions historiques cela témoigne-t-il ? En aval, la gestion de l’urgence sanitaire, des événements indésirables dans les structures de soins, et la mise en place de dispositifs idoines en cas de chronicisation du problème sanitaire constituent d'autres cas de figure de cette politique de l’événement de santé, qui ouvrent également la question du contrôle des vies biologiques et des dispositifs sociaux mis en œuvre au nom de la santé. Comment peut-on alors rendre compte de ces formes d'encadrement ? En somme, il s'agirait ici de voir comment rendre compte des divers modes de gestion de l'événement de santé dans ses dimensions collectives et individuelles.

Comité d'organisation

  • Julie Castro, médecin, doctorante en anthropologie, EHESS-IRIS/IRD-UR Constructions Identitaires et Mondialisation
  • Benjamin Derbez, doctorant en anthropologie, EHESS-IRIS
  • Alessandro Manna, doctorant en anthropologie, EHESS-IRIS
  • Giacomo Mantovan, doctorant en anthropologie, EHESS-CRH
  • Frédéric Vagneron, doctorant en histoire, EHESS-CRH

Formation doctorale « santé, populations, politiques sociales » (SPPS), EHESS, Paris.

Réseau de doctorants Santé et Sociétés

Contact et organisation

Les propositions à faire parvenir aux organisateurs comprendront entre 3 000 et 4 000 signes, et devront être envoyées par courriel, en pièce jointe, à l’adresse suivante : evenementsante2010@gmail.com, avant le 1er septembre 2010.

Les auteurs des propositions retenues en seront informés le 10 septembre 2010, ainsi que des modalités pratiques de la Journée d'étude.

Date prévisionnelle de la Journée d'étude : 10 novembre 2010

Date limite
  • le mercredi 1er septembre 2010
Contact

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