Le projet de cette journée a pour point de départ le développement des recherches de Claude Langlois (EPHE) sur les manuscrits de Thérèse de Lisieux (1873-1897), « Ecritures thérésiennes », ouvertes en 2002 par le Poème de septembre et aujourd’hui encore en cours, après quatre premiers volumes parus. Cette entreprise considérable se fonde sur une hypothèse centrale : la petite Thérèse effectue un travail d’écriture, dont la genèse concrète répond à des exigences littéraires, mais dont la postérité éditoriale recouvre ces premières traces pour convertir ce texte littéraire en document spirituel. Cette hypothèse renverse l’approche traditionnelle des écrits de Thérèse et d’un très grand nombre d’autres écrits spirituels, selon laquelle au document primitif – brut, jailli, immédiat - serait progressivement substitué un monument littéraire.
La question centrale qui est ici posée, sans qu’à aucun moment Claude Langlois ne contourne l’inspiration croyante (et inquiète) de Thérèse, c’est celle du style, d’un devoir de style dans cette écriture.Le projet de la journée du 1er juin est de contribuer à construire une proposition sur la spécificité de ce problème dans les dernières décennies du XIXe siècle, c’est-à-dire dans une époque où le modèle rhétorique ne peut plus être postulé comme un modèle dominant pour l’exercice d’un « devoir de style », et où, donc, la question de l’écriture littéraire dans son rapport au document d’une expérience spirituelle prend un tour nouveau.
Nous concevons cette journée en deux temps. La matinée sera présidée par Jacques Le Brun (EPHE). Elle prendra la forme d’un atelier de lecture d’une synthèse, proposée par lui-même, des travaux de Claude Langlois sur le texte de Thérèse de Lisieux, avec, outre Claude Langlois lui-même
L'après-midi sera présidée par Pierre Judet de la Combe (EHESS). Elle accueillera un ensemble de recherches sur des écrits qui, pour le même moment historique, requiert la même double exigence que ceux de Thérèse : l’analyse d’un travail d’écriture et la référence d’une aura religieuse (en signifiant ici par aura religieuse, non pas seulement une sacralité mais la mobilisation d’une communauté, qui peut être alors une communauté de foi, de lecture, de langue…).
Trois exposés viendront alimenter ce dossier :