Éditorial de la Lettre de l'École n°6, avril 2006

24 avril : en ce jour de rentrée des vacances de printemps, un mois exactement s'est écoulé depuis le jour où l'intervention des CRS a mis fin aux quatre jours d'une occupation qui a laissé le 105 boulevard Raspail dans le triste état dont attestent les photos mises sur le site de l'École. Ces photos peuvent encore être regardées, non pas pour soutenir nos lamentations (aussi légitimes soient-elles!) sur les dégradations subies, mais pour prendre la mesure du travail accompli pendant les quatre semaines qui viennent de s'écouler.

Car ce mois a été celui de toutes les énergies, mobilisées d'abord pour assurer la continuité des séminaires dans d'autres lieux; ensuite pour rétablir le cours normal des activités de recherche et d'enseignement au 105. Dès aujourd'hui, les séminaires se tiennent normalement dans leurs lieux, et les bureaux retrouvent leurs occupants. Les huisseries ont été réparées et les portes ferment à nouveau. Les vitres cassées ont été remplacées. Le nettoyage a été mené grand train, et tous les matériels récupérés ont pu être restitués à leurs titulaires.

Ce n'est pas céder à l'autosatisfaction que de souligner qu'une remise à flot aussi rapide du bateau constitue une vraie performance. Car le mérite en revient entièrement à ceux - personnels et nombreux étudiants volontaires - qui se sont concrètement engagés dans les opérations de première réhabilitation, puis de détagage, menées depuis trois semaines et pendant toute la durée des vacances. Certes, il va nous falloir, pendant quelques semaines, supporter encore quelques tags qui demeurent le piteux témoignage des événements de la fin mars. La peinture interviendra ensuite. Mais 80 personnes, au moins, ont ainsi payé de leur temps et de leur personne, pour que nous puissions remédier au plus vite à la désorganisation de notre vie collective résultant de l'inaccessibilité du 105. Trouver le moyen de manifester à tous, et sans en oublier aucun, la gratitude de notre communauté n'est pas chose aisée, et il est probable que la réunion prévue le 26 avril au Théâtre de la Maison des Cultures du Monde à 17h. n'y suffira pas, faute de place. Qu'ils trouvent cependant, dans ce message, une expression, bien trop faible, de notre reconnaissance. Cette reconnaissance s'adresse de façon toute spéciale aux gardiens du 105 et du 54 et à leurs familles, et aux personnels des services intérieurs qui ont été en première ligne depuis le début des événements et qui ont joué un rôle majeur dans la remise en état de nos lieux de travail et d'échange.

Oui, l'engagement des personnels et des étudiants de l'École a été exemplaire. Mais l'efficacité des corps de métiers engagés pour les réparations n'a pas été moins remarquable. L'entreprise de menuiserie a réalisé des prouesses, pour tenir les délais les plus courts possible. Ajoutons que cette reprise des lieux n'aurait pas pu être menée à bien sans le soutien que nous avons trouvé auprès de la Direction de l'Enseignement Supérieur et de la Direction de la recherche de notre Ministère de tutelle.
Désormais, l'affaire est derrière nous. Certes, bien des questions sont encore en suspens, le travail indispensable pour rendre intelligible cette folle semaine de mars - dans ses différents aspects - est encore à faire, et le contexte général, politique, économique, culturel et social dans lequel elle s'est inscrite reste le nôtre. Il faudra également réfléchir aux leçons à tirer de l'événement, notamment en ce qui concerne les moyens de mieux assurer la sécurité de nos implantations, en compromettant cependant le moins possible la liberté d'accès et l'ouverture, qui sont notre tradition et notre fierté. Mais l'essentiel, pour l'instant, est bien là : la vie scientifique a repris aujourd'hui au 105, et c'est l'École tout entière qui retrouve ses marques.


Date
  • le lundi 24 avril 2006

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