Théâtre de l'Inde ancienne


Aux origines du théâtre : le désordre ; celui qu'ont progressivement installé la lente désagrégation du savoir, l'oubli des règles, la corruption des sacrifices. Les dieux tentent d'y remédier en créant un nouvel objet, capable d'instruire par le biais du plaisir. Ils demandent à Brahmâ de créer un « objet de jeu à voir et à entendre », destiné à l'édification d'une humanité dégradée et dissolue. Ainsi naît le théâtre, que les dieux, séduits, font d'abord mine de se réserver. Associant tous les arts de la scène — jeu, danse, chant, musique — le théâtre de l'Inde ancienne est un spectacle total. Il s'apparente à l'opéra occidental, mais n'en demeure pas moins profondément singulier. Nombre de traits en fondent la magnifique altérité, à commencer par l'existence d'un Traité du théâtre, très ancien, et par la double scansion qu'impriment au texte dramatique l'alternance de la prose et des vers, d'une part, celle des langues, sanskrit et prakrits, d'autre part. Son étrangeté a enflammé l'Occident. En 1789, William Jones, alors juge à la cour suprême de Calcutta, fait paraître la première traduction d'un drame indien, Shakuntalâ. L'Europe est émerveillée, l'engouement immédiat.

C'est le début de la « Renaissance orientale ». L'enthousiasme ne retombera pas : de Schlegel à Apollinaire, en passant par Théophile Gautier et Camille Claudel, penseurs et artistes se plaisent à évoquer Shakuntalâ, modèle de l'héroïne. C'est ainsi que, pour l'Occident, la découverte de l'Inde tant désirée s'est d'abord confondue avec celle de son théâtre, considéré par la tradition indienne comme la forme la plus achevée de sa littérature.

Théâtre de l'Inde ancienne
Bhasa : Les Statues - Le Sacre - La Geste du jeune Krsna - Les Cuisses brisées - Avimaraka - Les Vœux de Yaugamdharayana - Vasavadatta vue en songe. Kalidasa : Sakuntala au signe de reconnaissance - Urvasi conquise par la vaillance - Malavika et Agnimitra. Sudraka : Le Petit Chariot de terre cuite. Harsa : Ratnavali - Priyadarsika. Bhavabhuti : La Fin de la geste de Rama. Bhattanarayana : Les Tresses renouées
[2006]. Édition publiée sous la direction de Lyne Bansat-Boudon avec la collaboration de Nalini Balbir, Sylvain Brocquet, Yves Codet, André Couture, Charles Malamoud et Marie-Claude Porcher, trad. du sanskrit et du prâkrit par Nalini Balbir, Lyne Bansat-Boudon, Sylvain Brocquet, Yves Codet, André Couture, Charles Malamoud et Marie-Claude Porcher, 1648 pages, 21 ill., rel. peau, 105 x 170 mm.
Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 523), Gallimard -thea. ISBN 207011435X. Parution : 23-03-2006.



Date
  • le jeudi 6 avril 2006
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