Travaillant depuis de nombreuses années sur la « singularité radicale des corps » le projet serait un « lieu singulier à la disposition de tous et sous la protection de tous, un lieu de solitude, fragile, non productif, inutile, beau, pour s'abstraire de la communauté, sous la protection de la communauté, permettant le recueillement d'un « je » dans le « nous ». Le « lieu de fréquentation à une place », désinvesti de toute interaction et de tout échange entre les habitants, se présenterait sous la forme d'une coque, d'une cellule lisse détachée du sol, ouverte à tous et occupé individuellement mais dont l'existence et la survie dépend du jeu de l'action collective. L'objet possédant un statut qui lui est propre, par son caractère et l'usage des habitants, est loin de toute forme d'institutionnalisation ; les membres du groupe ne sont pas les représentants d'une quelconque autorité publique et le lieu lui-même n'est nullement récupérable par une institution susceptible de convertir sa fonction initiale. Dans le déroulement del'entreprise, le projet trouvera ses premières fondations dans l'organisation de réunions de travail régulières entre le groupe et les habitants, dans le centre culturel du quartier. L'habitant spectateur ou témoin devient habitant acteur participant par son discours aux choix tangibles des orientations du projet. Le processus qui est mis en place, veillant à recueillir la parole des habitants, à travers les rencontres, les entretiens et les débats publics, s'apparente fortement à celui qui est déployé par l'ethnographe sur le terrain, pris dans différentes temporalités et s'appliquant à découdre les logiques sociales et territoriales sous-jacentes à un quartier dans la ville. A travers la séance, à laquelle seront présents également trois habitants du quartier ayant participé activement au projet, nous allons nous interroger sur la portée des nouvelles pratiques individuelles et collectives qui ont pris place à l'intérieur du« lieu » et par le lieu, saisi en tant qu'objet porteur d'une responsabilité politique. Il s'agira d'élucider non seulement des actions mais également la réception du projet dans le contexte spécifiquedu quartier, ainsi que les rapports qui se sont tissés, par le projet, entre les membres de différentes communautés.
Antonella Di Trani / Miguel Mazeri