L’hypnose demeure, malgré la profusion de recherches conduites depuis plus de deux siècles, un phénomène complexe, méconnu du public et difficile à circonscrire. Alors qu’elle est aujourd’hui de plus en plus reconnue et utilisée dans le monde du soin, elle ne parvient pas à se débarrasser totalement de son image ambigüe auprès du public, suscitant tantôt méfiance tantôt une certaine fascination. Les clichés liés à la figure de l’hypnotiseur se perpétuent, savamment entretenus par le truchement de la littérature et des médias, de l’hypnose de spectacle et, plus récemment, de l’émergence de l’hypnose de rue. Aux antipodes de ces représentations prévaut parfois l’idée que l’hypnose est une technique d’une extrême efficacité, quasiment « magique ». Qu’elles soient positives ou négatives, ces idées toutes faites peuvent constituer un écueil à la qualité de la communication entre un soignant et la personne soignée et nuire à l’efficacité d’une prise en charge par l’hypnose.
Aujourd’hui, connaissances scientifiques et connaissances communes s’entremêlent, mais l’étude de l’hypnose reste confidentielle et limitée au champ de la santé (médecine, psychologie et neurosciences). Cette journée d’étude vise à explorer cette question sous un angle plus large que la relation soignant-soigné, en questionnant la notion même de représentation sociale du phénomène hypnotique, ainsi que les facteurs qui contribuent à entretenir des représentations aussi anciennes que l’hypnose elle-même et leur évolution au cours du temps. Elle est également l’occasion de s’interroger sur d’autres entrées possibles pour comprendre l’hypnose en tant que fait social dans une perspective interdisciplinaire. Il s’agirait notamment de réintégrer le questionnement sur les représentations négatives dans le cadre plus large d’une réflexion sur les médecines non conventionnelles et d’explorer l’intérêt croissant des acteurs sociaux pour cette technique de soins.