Dans le cadre du séminaire "Frontières/Passages : écritures cinématographiques et sciences sociales" de l'axe 2 de l'Iris, projection du film Les Messagers suivie d'un débat en présence des réalisatrices
Des migrants meurent tous les jours, en des lieux éparpillés, sans que l’on ne puisse en garder la trace. Ils disparaissent dans la frontière. Où sont les corps ? Les Messagers, ce sont ces premiers témoins, ils nomment la mort, s’organisent pour retrouver un nom, un corps ou bâtir une sépulture. Dépositaires de la mémoire des disparus, ils résistent à la disparition de l’humain.
Comment le cinéma traite-t-il la frontière – notion abstraite – à partir de sons, d’images, de paysages, de lieux et de personnages ? Comment l’écriture cinématographique permet-elle d’en restituer la texture émotionnelle et le vécu, qui est souvent tragique, absurde et violent ? Comment permet-elle de rendre compte des pratiques et de dresser le portrait de ceux qui défient les logiques de la frontière, en dépit de leur caractère implacable? Traitant respectivement de la disparition des corps au moment du passage de la méditerranée, des justes du Rwanda qui refusèrent la logique génocidaire en cachant leurs voisins et en les faisant passer en territoires plus sûrs, ou de l’expérience cinématographique partagée entre une réalisatrice française et un tunisien exilé dans la France inhospitalière, les films que nous proposons cette année s’intéressent à des personnages qui, en créant des passages dans ces frontières du monde contemporain et en brisant leur silence, les transforment en lieux du politique.