Former des producteurs de savoirs. Les réformes du doctorat à l’ère de l’économie de la connaissance

EHESS - Auditorium  -  190-198, avenue de France  -  75013 Paris

Jean Frances soutiendra sa thèse intitulée « Former des producteurs de savoirs. Les réformes du doctorat à l'ère de l'économie de la connaissance ».

Jury

  • Isabelle BRUNO, Maîtresse de conférences, Université de Lille II, examinatrice
  • Francis CHATEAURAYNAUD, Directeur d’études, et Directeur de thèse, École des Hautes Études en SciencesSociales
  • Nicolas DODIER, Directeur d’études, École des Hautes Études en Sciences Sociales,
  • président du jury
  • Michel DUBOIS, Directeur de recherche au CNRS, Université Paris IV Sorbonne,
  • rapporteur
  • Yves GINGRAS, Professeur à l’Université du Québec à Montréal, rapporteur
  • Christine MUSSELIN, Directrice de recherche au CNRS, Institut d'Études Politiques de Paris, examinatrice.

Résumé

Centrée sur l’étude des mondes français de la science et de l’enseignement supérieur, cette thèse cherche à saisir comment les réformes institutionnelles reconfigurent l’apprentissage aux métiers de la recherche et en quoi elles sont susceptibles d’influer sur « les rythmes et les orientations du développement scientifique ».

L’analyse proposée repose premièrement sur l’étude socio-historique des réorganisations du cursus doctoral. Il est question par-là de montrer combien les doctorants sont de plus en plus tenus de correspondre à un nouveau modèle d’« excellence » dont « l’esprit d’entreprendre » semble constituer le principe générateur. L’audience politique des théories de l’économie de la connaissance aurait facilité son importation dans les mondes académiques. Cet « esprit » renvoie à une attitude professionnelle qui inciterait les doctorants à considérer leur formation à la manière d’une somme d’épreuves et d’expériences à « rentabiliser ». Dès lors, accéder à l’« excellence » demanderait-il aux apprentis-chercheurs de mener leurs travaux et leur cursus en calculant les profits qu’ils pourront en retirer sur les marchés de l’emploi scientifique (publics et privés, académiques et de la R&D), sur ceux de l’innovation et du conseil ? Afin de répondre à cette question, il s’agit d’analyser les mutations des marchés de l’emploi scientifique à l’œuvre depuis les années 1990. Et en vue de saisir ces transformations « en action », il convient de proposer une ethnographie de deux dispositifs censés incarner les réformes contemporaines de la formation doctorale : les Doctoriales et les 24Heures de l’entrepreneuriat. Lors de ces Entrepreneuriales, les doctorants conçoivent virtuellement un produit ou un service innovant et bâtissent une entreprise susceptible d’en assurer l’exploitation commerciale. Placer la focale sur ces stages « professionnalisants » simulant des réseaux technico-scientifiques permet alors de saisir comment les doctorants parviennent à mobiliser leurs savoirs, leurs savoir-faire et leurs réseaux scientifiques en vue de « conduire un projet », de « manager une équipe », jusqu’à in ine générer des profits financiers.

C'est donc à travers l'étude de ces moments extra-ordinaires de l'apprentissage à la recherche que seront analysés les effets tangibles qu'engagent les réformes sur les reconfigurations de l'« excellence » doctorale et, partant, sur les manières de considérer le « rôle » du doctorat comme de la science.

Date
  • le mercredi 11 décembre 2013  de 9h  à 13h
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