24 avril : en ce jour de rentrée des vacances de printemps, un mois
exactement s'est écoulé depuis le jour où l'intervention des CRS a mis fin
aux quatre jours d'une occupation qui a laissé le 105 boulevard Raspail
dans le triste état dont attestent les photos mises sur le site de l'École.
Ces photos peuvent encore être regardées, non pas pour soutenir nos
lamentations (aussi légitimes soient-elles!) sur les dégradations subies,
mais pour prendre la mesure du travail accompli pendant les quatre semaines
qui viennent de s'écouler.
Car ce mois a été celui de toutes les énergies, mobilisées d'abord pour
assurer la continuité des séminaires dans d'autres lieux; ensuite pour
rétablir le cours normal des activités de recherche et d'enseignement au
105. Dès aujourd'hui, les séminaires se tiennent normalement dans leurs
lieux, et les bureaux retrouvent leurs occupants. Les huisseries ont été
réparées et les portes ferment à nouveau. Les vitres cassées ont été
remplacées. Le nettoyage a été mené grand train, et tous les matériels
récupérés ont pu être restitués à leurs titulaires.
Ce n'est pas céder à l'autosatisfaction que de souligner qu'une remise à
flot aussi rapide du bateau constitue une vraie performance. Car le
mérite en revient entièrement à ceux - personnels et nombreux étudiants
volontaires - qui se sont concrètement engagés dans les opérations de
première réhabilitation, puis de détagage, menées depuis trois semaines et
pendant toute la durée des vacances. Certes, il va nous falloir, pendant
quelques semaines, supporter encore quelques tags qui demeurent le piteux
témoignage des événements de la fin mars. La peinture interviendra ensuite.
Mais 80 personnes, au moins, ont ainsi payé de leur temps et de leur
personne, pour que nous puissions remédier au plus vite à la
désorganisation de notre vie collective résultant de l'inaccessibilité du
105. Trouver le moyen de manifester à tous, et sans en oublier aucun, la
gratitude de notre communauté n'est pas chose aisée, et il est probable que
la réunion prévue le 26 avril au Théâtre de la Maison des Cultures du Monde
à 17h. n'y suffira pas, faute de place. Qu'ils trouvent cependant, dans ce
message, une expression, bien trop faible, de notre reconnaissance. Cette
reconnaissance s'adresse de façon toute spéciale aux gardiens du 105 et du
54 et à leurs familles, et aux personnels des services intérieurs qui ont
été en première ligne depuis le début des événements et qui ont joué un
rôle majeur dans la remise en état de nos lieux de travail et d'échange.
Oui, l'engagement des personnels et des étudiants de l'École a été
exemplaire. Mais l'efficacité des corps de métiers engagés pour les
réparations n'a pas été moins remarquable. L'entreprise de menuiserie a
réalisé des prouesses, pour tenir les délais les plus courts possible.
Ajoutons que cette reprise des lieux n'aurait pas pu être menée à bien sans
le soutien que nous avons trouvé auprès de la Direction de l'Enseignement
Supérieur et de la Direction de la recherche de notre Ministère de tutelle.
Désormais, l'affaire est derrière nous. Certes, bien des questions sont
encore en suspens, le travail indispensable pour rendre intelligible cette
folle semaine de mars - dans ses différents aspects - est encore à faire,
et le contexte général, politique, économique, culturel et social dans
lequel elle s'est inscrite reste le nôtre. Il faudra également réfléchir
aux leçons à tirer de l'événement, notamment en ce qui concerne les moyens
de mieux assurer la sécurité de nos implantations, en compromettant
cependant le moins possible la liberté d'accès et l'ouverture, qui sont
notre tradition et notre fierté. Mais l'essentiel, pour l'instant, est bien
là : la vie scientifique a repris aujourd'hui au 105, et c'est l'École tout
entière qui retrouve ses marques.