Le colloque « EPMHNEIA IV » sera consacré à l'examen de la poésie et de la poétique à Byzance. Si la littérature byzantine n'a pas généralement joui d'un accueil très favorable, la poésie byzantine, elle, a subi les commentaires les plus négatifs de la part des premiers byzantinistes. D'une part, parce que la production poétique –religieuse et séculière–, écrite dans une langue classicisante (les textes «en vers» de Grégoire de Nazianze, par exemple, les épigrammes d'Agathias, les poèmes de Christophore de Mytilène ou bien le roman d'amour de Théodore Prodrome), a été comparée à ses modèles supposés de l'Antiquité et a été jugée de qualité inférieure. D'autre part, parce que dans le domaine de la poésie ecclésiastique, mis à part Romaine le Mélode, reconnu comme très grand hymnographe, les autres genres de la poésie liturgique ont été tout simplement ignorés. Seule la valeur poétique de quelques ouvrages de la production populaire (le Digénis Akritas, par exemple) a été reconnue, et ceci parce que ces textes ont été associés à l'apparition de la culture néo-hellénique et à la libération du « peuple » de la tradition byzantine jugée comme stérile. Il est évident que ces genres de jugements et d'évaluations sont le résultat des constructions idéologiques qui ont eu lieu à des périodes historiques et politiques précises.
Malgré son importante production, la poésie byzantine n'a pas été évaluée à sa juste valeur en tant que phénomène littéraire. Certes, un grand progrès a été fait dans l'étude des divers problèmes métriques et stylistiques, de la pratique éditoriale et de la recherche sur les œuvres et la personnalité des poètes ; néanmoins nombre de questions importantes restent toujours sans réponse (p. ex. quel sens les Byzantins attribuent au mot «poésie»). En même temps, on continue toujours à faire la distinction entre la production «savante» et la production «populaire». Ainsi, l'objectif de notre colloque sera d'examiner l'ensemble de l'expression poétique byzantine du IVe au XVe siècle et d'articuler cet examen autour des axes thématiques suivants :
1) Le poète comme artisan de la parole : questions de littérarité (motifs, iconographie, style et métrique, structures narratives).
2) Poésie et rhétorique : rapports entre prose et poésie.
3) La poésie dans l'espace-temps historique et social : poèmes écrits à propos des certains événements ou ayant des fonctions précises, poèmes destinés à une présentation publique avec ou sans accompagnement de musique.
4) Poésie et instruction : thématologie «a-poétique» (grammaire, droit, médécine), sermons poétiques, traductions et paraphrases.
5) Ébauche d'une poétique : les indices d'une poétique dans la poésie, approches critiques byzantines de la poésie, enseignement et interprétation de la poésie.
6) Questions formelles et idéologiques.
Les séances du colloque ont lieu
• le 23 février : E.H.E.S.S., salle 524, 54 bd Raspail, 75006 Paris
• les 24 et 25 février : E.H.E.S.S., salle 2, 105 bd Raspail, 75006 Paris