Le champ religieux brésilien s'est développé autour d'une hégémonie catholique dans les brèches de laquelle se sont glissées peu à peu des pratiques et des croyances hétérodoxes liées aux dévotions populaires et aux apports provenant d'horizons culturels et ethniques différenciés, en particulier les apports d'origine indigène et africaine. Cette histoire a permis la construction d'un champ religieux tout à fait original dans lequel les différentes composantes se sont fait des emprunts continuels et ont subi, parfois à leur corps défendant, des influences mutuelles, donnant au pays un substrat religieux et culturel original. Durant des lustres ces mouvements de spiritualités diverses se sont articulés autour d'une tradition culturelle dite « anthropophagique », d'une idée de cohésion nationale qui subsumait les différences de pratiques et d'une tolérance certaine engendrée par un transit général entre les diverses expressions religieuses. Depuis environ 25 ans cette coexistence s'est dégradée sous l'effet conjugué de l'explosion d'un type de christianisme universalisant et excluant, de revendications ethniques transnationales et d'une mondialisation/individualisation qui s'applique très particulièrement aux mouvements religieux et tend à effacer certaines spécificités nationales.
De nombreux chercheurs se penchent sur cette dynamique nouvelle afin de percevoir de quelle manière les Brésiliens de toutes obédiences confessionnelles répondent aux nouveaux stimuli qui surgissent dans le champ religieux interne du pays. Beaucoup des travaux développés au Brésil dans le domaine de l'étude des religions s'appuient sur une diversité très riche qui permet, sur le plan théorique, de lever de nouvelles problématiques ou d'éclairer d'aspects nouveaux les situations qui surgissent en Europe ; entre autres, le problème de « l'émotion en religion », soulevé par F. Champion et D. Hervieu-Léger mais aussi les notions de « syncrétisme » et de « métissage » qui sont au cœur de nombreuses recherches internationales des dix dernières années. En conséquence, il nous a semblé nécessaire de réunir pour un large débat divers chercheurs brésiliens et brésilianistes. Nous avons cherché à créer un équilibre dans les interventions entre celles qui répondent à une problématique plus générale et celles qui traitent d'un segment particulier du panorama religieux brésilien, en invitant des chercheurs qui travaillent sur les diverses formes de christianisme développées au Brésil historiquement ainsi que sur les différentes adaptations et réélaborations de cultes d'origine amérindienne et africaine et les divers mouvements issus du spiritisme et des religions orientales.
Evénement inscrits dans le cadre de "Brésil, Brésils - L'année du Brésil en France"