Aucun d’entre nous ne sous-estime les difficultés auxquelles l’École est confrontée aujourd’hui. Nous nous interrogeons sur notre statut et sur notre place dans la recherche internationale en sciences sociales. Nous nous demandons si les transformations qui affectent l’enseignement supérieur et la recherche, en France, en Europe et dans le monde, ne se traduiront pas par une uniformisation généralisée et, pour l’École, par l’abandon forcé de spécificités qui ont fait la preuve de leur efficacité scientifique. Dans le même temps, nous qui nous étions habitués depuis plusieurs décennies à une émulation féconde avec de prestigieuses institutions étrangères, nos partenaires, nous devons constater que vient s’y ajouter désormais la concurrence affichée d’institutions parfois proches. Il en résulte un paysage mouvant qui, de façon paradoxale, paraît dominé simultanément par la standardisation et par la concurrence, et dans lequel il nous faut nous situer et choisir. Nous envisageons avec une appréhension certaine de quitter le bâtiment du 54 boulevard Raspail, sans savoir de façon sûre quand nous pourrons y revenir, alors que notre probable, future, autre localisation, le campus Condorcet, en est encore au stade de la préfiguration, même si le projet vient de prendre une consistance qui peut nous rassurer.
Plus que jamais, ce contexte mouvant doit nous inciter à réaffirmer avec force la pertinence de la proposition scientifique de l’École. Notre force est là. Liberté de la recherche, formation à la recherche par la recherche, revendication d’interdisciplinarité, inscription de notre projet intellectuel dans le contexte international – ces principes définissent, aujourd’hui comme hier, une personnalité scientifique, celle d’une institution qui privilégie l’élaboration d’un savoir critique, plutôt que la gestion de la science acquise. Ce n’est pas si fréquent. Même dans les plus prestigieuses institutions étrangères, nos partenaires, l’enseignement est rarement envisagé sous l’angle exclusif de la recherche ; l’échelle n’est pas toujours internationale ; l’organisation en départements, plutôt qu’en directions d’études et maîtrises de conférences et en centres de recherches, ne facilite guère l’interdisciplinarité. Cette idée de l’École peut s’incarner de différentes manières : hier à la fois dans des travaux individuels et dans les grandes enquêtes collectives par exemple ; aujourd’hui aussi bien dans les très nombreuses recherches financées que dans des œuvres élaborées sans lien aucun avec des bailleurs de fonds extérieurs ; dans les séminaires attachés aux directions d’étude et aux maîtrises de conférence, dans les programmes de recherches interdisciplinaires, dans les publications, et les conférences que nous destinons à un public élargi. Par delà la diversité de nos modes d’intervention, ce qui importe est l’aspiration commune qui les lie, celle de chercher constamment à renouveler le rapport aux objets et aux méthodes, aux disciplines et à l’interdisciplinarité. Sur ces choix, nous ne détenons aucun monopole, mais notre singularité tient à qu’ils sont au principe même de l’École.
Nous savons que ces choix ont fait, et qu’ils continuent de faire leurs preuves.
Nous le savons d’abord, et c’est là l’essentiel, par les œuvres et les
idées, les paradigmes et les débats qu’ils suscitent. Nous le savons
aussi par le nombre de projets retenus lors d’appels d’offres français
et européens – et qui font de l’École, en sciences humaines et
sociales, la première institution d’enseignement supérieur de notre
pays sur ce point. Nous le savons enfin par l’audience qu’a l’École à
travers le monde, et qui se traduit par des échanges d’une densité
exceptionnelle. Ce sont là des indices qui doivent nous inciter, en
dépit des difficultés temporaires du moment, à regarder vers l’avenir
avec confiance.
La dissolution des repères
de la certitude
Mardi 9 juin, 17 h 30, Paris
Claude Lefort analyse les transformations des régimes contemporains dans une perspective à la fois sociologique et philosophique.
Lieu : Grand Amphithéâtre de la Sorbonne
47, rue des Écoles • 75005 Paris
Samedi 16 mai, 11 h, Paris
Le cycle de projections-débats associant films et livres, réalisateurs et auteurs se poursuit autour de Traditions et temporalités des images de Giovanni Careri, François Lissarrague, Jean-Claude Schmitt et Carlo Severi (eds), Éditions de l’EHESS, et de Ce que mes yeux ont vu, film de Laurent de Bartillat avec Jean-Pierre Marielle, Sylvie Testud, James Thierrée.
Plus d’informations : www.editions.ehess.fr
Lieu : Cinéma L’Arlequin
•75006 Paris
Vendredi 5 juin, 18 h 30, Paris
Jean-Claude Schmitt et Carlo Severi présentent l’ouvrage qu’ils ont coordonné.Derrière les traces du temps, qu’elles reflètent, que nous racontent les images ?
L’enjeu est-il notre propre mémoire ?
Lieu : Musée du Quai Branly • salon de lecture Jacques Kerchache • 37, quai Branly
75007 Paris
Mardi 12 mai, 9 h 30-17 h 30, Paris
Journée d’études organisée par Fanny Cosandey et Élie Haddad, Centre de recherches historiques (CRH, EHESS/CNRS).
Au-delà de la rupture provoquée par les réformes de Louis xiv, la réflexion portera sur l’inscription de la noblesse dans la carrière militaire et sur la domination de l’épée dans l’idéal du second ordre. Cette journée sera l’occasion de confronter les différents points de vue sur la noblesse d’épée, notamment sur sa place dans le fonctionnement monarchique, à l’articulation de l’histoire sociale, économique et culturelle.
Programme détaillé : http://actualites.ehess.fr/nouvelle3419.html
Lieux : EHESS • salle 524 (matin) & salle 242 (après-midi) • 54, bd Raspail • 75006 Paris
Contacts :
Fanny Cosandey • cosandey@ehess.fr
& Élie Haddad • haddad@ehess.fr
Du 14 au 16 mai 2009, Paris
Journées d’études franco-allemandes organisées par Bénédicte Brac de la Perrière, Andrée Feillard et Michel Picard du Centre Asie du Sud-Est (CASE, CNRS/EHESS), en partenariat avec l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM).
Les processus dialogiques de localisation de religions universalistes et d’universalisation de religions locales seront au centre de la réflexion. L’étude d’un champ religieux devant consister à élucider ce qui est identifié et légitimé comme relevant de la “religion”, par qui, dans quelles circonstances et sous quelles conditions de pouvoir, une attention particulière sera apportée aux interactions entre les tenants de systèmes de croyances indigènes, qui les considèrent comme relevant bien de leur “religion”, et les partisans de religions translocales d’origine étrangère, à prétention universaliste, qui dénient à ces traditions locales le qualificatif de “religion”.
Programme détaillé : http://actualites.ehess.fr/nouvelle3418.html & http://case.cnrs.fr/spip/case/The-constitution-of-a-religious
Lieux : Campus CNRS • Centre André-George Haudricourt • 7, rue Guy Môquet 94801 Villejuif (14 mai) & Maison de l’Asie 22, avenue du Président Wilson • 75016 Paris (15-16 mai)
Contacts :
Bénédicte Brac de la Perrière • brac@vjf.cnrs.fr
Andrée Feillard • andrée.feillard@ehess.fr
Michel Picard • mpicard@ehess.fr
Du 14 au 16 mai, Paris
Colloque
international organisé par l’équipe «Musique» du Centre de recherches
sur les arts et le langage (CRAL, EHESS/CNRS), avec la collaboration de
l’INET-MD de l’Université Nouvelle de Lisbonne, sous la responsabilité
d’Esteban Buch, Igor Contreras et Manuel Silva.
Pendant les
dictatures du vingtième siècle, la musique n’a jamais cessé de
résonner. Ce colloque est consacré à l’étude de cas issus de contextes
historiques différents, comme l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste,
l’URSS et les autres pays du Bloc de l’Est, les régimes de Franco en
Espagne et de Salazar au Portugal, la France de Vichy ou les dictatures
latino-américaines des années soixante-dix, entre autres. Mais aussi,
aux questions théoriques que soulèvent ces répertoires, longtemps
perçus comme de simples outils de propagande peu dignes d’un intérêt
musicologique ou historique : trouve-t-on les mêmes types de production
musicale dans toutes les dictatures considérées ? Quels discours et
quelles pratiques furent mis en œuvre pour lancer ces musiques, et
comment celles-ci furent-elles accueillies par les auditeurs ? Peut-on
définir ces musiques par un ensemble de traits stylistiques, ou
seulement par la fonctionnalité de leur contexte de diffusion ? Peut-on
les considérer comme un ensemble cohérent, relevant du concept de «
musique d’État » ?
Programme détaillé : http://musique.ehess.fr
Lieux : EHESS • salle Lombard et amphithéâtre • 96 et 105, bd Raspail • 75006 Paris
Contact : Jamila Meliani • meliani@ehess.fr
Les 16 et 17 juin, Paris
Colloque
organisé par Valérie Gateau, Centre de recherche sens, éthique et
société (Cerses), Université Paris Descartes, et Sophie Chauveau,
Université Lyon 2 et Institut universitaire de France.
L’objet de
ce colloque est d’explorer à la fois les mutations intervenues depuis
une trentaine d’années dans l’usage des organes et des substances
issues du corps humain et les controverses nées de ces pratiques. Ces
changements ont modifié la perception des usages du corps humain et
suscité de nouvelles questions d’ordre éthique. Les organisations
chargées de la collecte du sang, des organes et d’autres substances
issues du corps humain ont du s’adapter à la fois pour répondre à la
multiplication des usages et pour satisfaire des exigences de sécurité.
Enfin l’offre de ces soins et de ces techniques médicales doit être
conçue de manière à être accessible à tous, dans un pays où la santé
est pensée comme un bien public.
Pour réfléchir aux questions posées par
le don, la commodification et le commerce du corps humain seront réunis
des praticiens, médecins, chirurgiens, responsables des instances
gérant les greffes d’organes ou la transfusion sanguine mais aussi des
spécialistes de sciences sociales qui s’intéressent à ces
transformations récentes du secteur de la santé.
Programme détaillé : http://cerses.shs.univ-paris5.fr/spip.php?article331
Lieu : EHESS • amphithéâtre 105, bd Raspail • 75006 Paris
Contacts : Sophie Chauveau • schauveau@ish-lyon.cnrs.fr
Valérie Gateau • valerie.gateau@parisdescartes.fr
Une sociologie de l’art
Pierre-Michel MENGER
Collection « Hautes Études » (avec Gallimard et Le Seuil)
2009 l 672 pages l 29 €
L’artiste qui s’engage dans un métier risqué est-il un « fou rationnel » ? Qu’appelle-t-on talent, et même génie ? Depuis l’intimité de l’activité de l’artiste jusqu’à l’organisation publique de la production artistique, l’incertitude régit l’art. Pierre-Michel Menger offre un tableau original et très documenté sur le travail créateur.
Avril 2009 l 264 pages l 19,50 €
Études et essais : J. Favret-Saada – On y croit toujours plus qu’on ne croit. Sur le manuel vaudou d’un président ; Z. Rhani – Le chérif et la possédée. Sainteté, rituel et pouvoir au Maroc ; N. Puig – Amour, honte et prestige au Caire. Les musiciens de l’avenue Mohamed Ali entre intimité urbaine et mise à distance sociale ; C. Demmer – Secrets et organisation politique kanake. Pour sortir des catégories privé/public ; A. Babadzan – L’indigénisation de la modernité. La permanence culturelle selon Marshall Sahlins ; F. Dupuy – Les monnaies primitives. Nouvelles considérations. Rebond. B. Théret – Monnaie et dettes de vie. À propos. E. Désveaux – Une autobiographie meskwaki anonyme, ou La captation de l’écriture ; P. Déléage – Les Amérindiens et l’écriture.
Cahiers du monde russe, n° 49/1 l mars 2009 l 230 pages l 17 €
Consacré à la portée des grandes mesures qui furent mises en œuvre en Asie centrale par les pouvoirs tsaristes et soviétiques entre 1868 et 1933, ce dossier reflète les récentes avancées de l’historiographie de l’Asie centrale. Les articles partagent une approche soucieuse des logiques, des discours et des acteurs locaux, qui inverse la focale habituelle où l’histoire des républiques nationales est appréhendée par le haut, par le biais de documents conçus par ou pour le centre.
Archives de sciences sociales des religions, n° 145 l avril 2009 l 176 pages l 22 €
Rencontrer un esprit, être possédé par une divinité, assister collectivement à l’apparition de personnes. Au travers d’exemples variés, ce volume pose un problème intrinsèque aux expériences du surnaturel : vécues comme un phénomène sujet à caution, elles revêtent in fine l’aspect d’une réalité sociale objective. Il s’agit là d’un problème qu’affrontent depuis toujours les commentateurs du fait religieux : comment une fiction devient-elle, pour certains, une réalité ?
Jean ANDREAU & Wladimir BERELOWITCH (eds)
Edipuglia l collection « Pragmateiai » l 2008 l 272 pages l 40 €
Jackie ASSAYAG
Téraèdre l collection « L’anthropologie au coin de la rue » l 2009 l 240 pages l 20 €
Critique du théologico-politique
Carl R. BOLDUC
Olms l collection « Europea Memoria » l 2009 l 386 pages l 49,80 €
Le brasier oublié du Moyen-Orient
Hamit BOZARSLAN
Autrement l collection « Mondes et Nations » l 2009 l 174 pages l 17 €
Heroic Reference and Ritual Gestures
in Time and Space
Claude CALAME
Harvard University Press l collection « Hellenic Studies » l 2009 l 265 pages l 29 €
Robert CASTEL
Seuil l collection « La couleur des idées » l 2009 l 450 pages l 23 €
La traite des femmes et des enfants en Indochine et en Chine du Sud
André BAUDRIT
Textes réunis et présentés par Nicolas Lainez et Pierre Le Roux
Connaissances et savoirs l collection « Sources d’Asie » l 2009 l 422 pages l 19 €
Ethnographic Explorations of Public
and Collective Services
Giorgio BLUNDO & Pierre-Yves LE MEUR (eds)
Brill l collection « African Social Studies Series »
2009 l 347 pages l 69 €
Conçu, supplicié, possédé
Maurice GODELIER &
Michel PANOFF (eds)
CNRS l collection « Cnrs anthropologie » l 2009
575 pages l 35 €
Claudia MOATTI, Wolfgang KAYSER & Christophe PEBARTHE (eds)
Ausonius l collection « Études » l 2009 l 710 pages l 40 €
Enric PORQUERES I GENE
Ediciones del Puerto l 2008 l 101 pages l 19 €
François RECANATI
Gallimard l collection « Folio Essais »2008 l 270 pages l 7,90 €
Directeur
de la publication : François Weil • Rédactrice en chef :
Dinah Ribard • Secrétaire de rédaction : Camille Barnard-Cogno
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