David Rossé soutiendra sa thèse « Les codes de l’obligation. Méta-analyses pragmatologiques de l’application de méthodes en sciences sociales » le 10 juin 2015 à l’EHESS (Salle 638, 190-198 avenue de France, 75013 Paris) à partir de 14h.
Cette thèse rassemble une série de méta-analyses, c’est-à-dire d’analyses ayant pour objet des analyses produites par des sociologues (notamment celles résultant de l’application de méthodes de traitement des entretiens). Il s’agit d’une démarche réflexive visant les pratiques concrètes des sociologues. Celles-ci sont envisagées comme des activités gouvernées par des règles. Une part importante de cette thèse sera donc consacrée au développement d’un outil d’analyse « pragmatologique » (Durkheim), c’est-à-dire permettant l’étude des pratiques et des règles en rapport avec elles. Pour aborder les règles, la philosophie analytique d’inspiration wittgensteinienne apporte plusieurs propositions importantes. Les règles sont ainsi considérées comme des concepts d’air de famille : il n’y a pas de définitions communes recouvrant l’ensemble des règles. Pour étudier les règles, il convient alors de faire des distinctions à partir de leurs usages. Une de ces distinctions concerne la différence entre règles constitutives et règles régulatives : une règle constitutive crée une pratique (e.g. le mariage), alors qu’une règle régulative s’applique à des activités qui peuvent exister sans elles (e.g. les règles du savoir-vivre). L’activité méthodologique des sociologues repose et est contrainte par ces types de règles, qui sont pour l’essentiel implicites. Cette thèse vise donc à rendre compte, par la description et la codification des règles, du caractère normatif des méthodes dans les pratiques d’analyse de la sociologie. Elle insiste en particulier sur les limites logiques qu’instituent les règles constitutives, celles-ci rendant impossibles (et non pas interdites) certaines actions des sociologues.